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(Une réflexion de Cosme Hounkpatin)
Petit observateur de la vie politique nationale, je ne cesse de m’interroger sur les déterminants qui pouvaient justifier le silence du Chef de l’Etat au lendemain des élections législatives du 26 avril 2015 et surtout le retard que semblait accuser le renouvellement de l’Exécutif béninois.
A mon humble avis, les défis auxquels était confronté le père de la nation après l’échec de son candidat au perchoir du nouveau Parlement et l’expiration du délai légal de cumul de mandat pouvaient justifier son expectative armée…
Entre autres, nous pouvons noter la volonté manifeste du Chef de l’Etat de :
- Terminer en beauté son second mandat en offrant de nouvelles perspectives au peuple béninois surtout au plan économique.
- Garantir l’après 2016 en trouvant un dauphin capable de tisser la nouvelle corde au bout de l’ancienne sans esprit de règlement de compte…
- Récompenser les collaborateurs restés fidèles ou qui appartiendraient au premier cercle du Grand Maître.
- A la lumière de ces hypothèses pouvons-nous dégager en fonction de la composition de l’équipe gouvernementale, les traits dominants de la personnalité de notre Président Boni Yayi ?
Tout remaniement ministériel répond à des impératifs auxquels il est très difficile de se soustraire (critère de compétence, de moralité et d’équilibre inter-régional). On comprend aisément la complexité de cet exercice auquel vient de se livrer le Chef de l’organe exécutif béninois.
La nomination d’un Premier Ministre de la carrure de Monsieur Lionel Zinsou semble répondre aux deux premières hypothèses émises précédemment.
Voici l’homme, semble certifier le Chef de l’Etat à travers ce choix qui apparaît comme désaveu à notre classe politique locale dont les intrigues ont fini par orienter le cœur et le regard du premier magistrat vers la diaspora.
La question que se posent certains observateurs est de savoir ce que peut, un Premier Ministre à qui aura échappé la composition de sa propre équipe gouvernementale.
Sans vouloir répondre à ces derniers, nous sommes tentés de nous interroger sur l’existence probable de critères connus des observateurs avertis qui reflèteraient les traits dominants de la personnalité du locataire de la Marina auxquels n’aurait pas échappé la nouvelle monture de l’équipe gouvernementale.
L’éternelle récompense : au terme de son mandat, récompenser ses collaborateurs pourrait au plan psychologique être perçu comme une attitude normale si cela ne supposait une influence certaine des bénéficiaires ou une certaine culture de la gratitude pour mission bien accomplie.
Il nous serait difficile de cerner les facteurs psycho-affectifs ayant conditionné le choix du père de la nation.
Toutefois certaines remarques s’imposent :
- La plupart des promus avaient manifesté, dans un passé récent, leur soutien indéfectible au Chef de l’Etat en tant qu’amazone du temple.
- Le ministre de l’intérieur Placide Azandé, éminent membre du parti de la première dame, n’avait-il pas conduit une délégation des préfets, pour compatir aux douleurs du Président de la République suite aux récentes crises après l’interpellation de l’He Candide Azannaï. Ce dernier n’a-t-il pas manifesté son zèle aux dépens des syndicalistes à la Bourse du travail ?
- Le nouveau ministre de la culture et celui de la communication respectivement originaires de Bopa et Zè, fiefs de certains opposants irréductibles du Chef de l’Etat, ont-ils engrangé les fruits de leur fidélité ?
- Comment expliquer le fait que certains ministres positionnés à la veille des législatives ne soient plus reconduits ? La conjoncture actuelle n’était-elle plus favorable à ces derniers ?
- Que dire du sort réservé aux ministres technocrates qui ne mouillaient pas le maillot au cours des marches de soutien ?
- Les inamovibles promus ministres d’Etat ont-ils un statut particulier ?
A la lumière de tout ce qui précède, le Président Yayi donne l’impression d’être un expert en positionnement stratégique qui demeure seul à connaître les motivations profondes de ses orientations.
C’est après avoir débarqué ses collaborateurs qu’on réalise l’intérêt auquel leur choix obéissait.
Il apparaît comme un homme d’Etat qui renvoie toujours l’ascenseur.
Animal politique, il sait toujours rebondir dans les circonstances les plus difficiles et résume toujours du fil à retordre dans sa besace.
Les gouvernements d’après 2016 répondront-ils aux mêmes constantes de notre sociologie démocratique actuelle ?
Cosme Hounkpatin (Coll. Ext.)/Le Grand Matin