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Réformer le système politique béninois est également une priorité du Gouvernement du Président Patrice Talon. Il milite pour de grands regroupements politiques afin de faire disparaître de l’échiquier politique national des clubs électoraux qui n’honorent pas la démocratie béninoise. Pour l’heure, la réalisation d’un tel projet est à mille lieues de sa concrétisation, car la pourriture de la classe politique béninoise a déjà pratiquement atteint son paroxysme.
Après plus de 26 ans de démocratie, il est urgent de réformer le système politique béninois. Le régime du Président Patrice Talon s’y attèle, quand bien même l’accouchement ne sera pas chose aisée. Pourquoi ? Au lendemain de la conférence de février 1990, la culture de l’individualisme a pris le pas sur les grands regroupements politiques. Très tôt, le multipartisme intégral a donné naissance à plusieurs formations politiques qui portent le nom de leur fondateur. On parle par exemple du Parti du renouveau démocratique (Prd) de Me Adrien Houngbédji, du Parti social-démocrate (Psd) de Bruno Amoussou, Rassemblement des démocrates libéraux (Rdl-Vivoten) de Sévérin Adjovi, de la Renaissance du Bénin (Rb) de Rosine Soglo, de l’Union pour la démocratie et la solidarité (Uds) de Adamou N’diaye.
D’autres acteurs clés de la politique béninoise dans les années 1990 sont déjà politiquement morts. C’est le cas de Timothée Adanlin, Jean-Claude Hounkponou, Daniel Tawéma mis en déroute par d’autres acteurs politiques dans leur région. Ces partis politiques avaient de fortes assises sur l’ensemble du pays. C’était le moment pour eux de créer de grands regroupements, surtout que chacun d’eux connaissait son poids réel sur l’échiquier politique national.
Aux élections législatives de 1996, la Rb s’en est sortie avec 20 députés, contre 19 pour le Prd, 07 pour le Psd, 12 pour le Fard-Alafia. D’autres partis politiques n’ont pas démérité. C’est en 2003, à la veille des élections législatives, que l’on a assisté à vraie cacophonie au sein de la classe politique avec la création de l’Union pour le Bénin du futur (Ubf) dont l’objectif était néanmoins d’encourager les regroupements politiques. Est-ce qui s’y est passé ? Des hommes et femmes sans base électorale ont été positionnés sur la liste-Ubf aux législatives de 2003 au détriment de plusieurs personnalités politiques influentes dans leurs zones respectives.
En 2007, le même phénomène s’est répété sur la liste-Fcbe (Forces cauris pour un Bénin émergent). Des inconnus au bataillon y ont été imposés. La preuve est que quatre ans après, certains députés, écartés de la liste-Fcbe, n’ont pas pu se faire réélire à l’Assemblée nationale. C’est le cas de André Dassoundo dans les collines, Luc da Matha Santana à Abomey-Calavi et consorts qui ont profité de l’aura de l’ancien Président de la République, Boni Yayi pour se faire une place au soleil. C’est pourquoi, l’acteur politique de la huitième circonscription électorale, Rachidi Gbadamassi, pour se moquer de ses adversaires-Fcbe, parle de ‘’députés nommés’’, une manière de dire qu’ils ne sont pas maîtres de leur destin politique. Même, actuellement à l’Assemblée nationale, il y en a qui sont sans base électorale, ni formation politique.
Cacophonie
Comment dans cette cacophonie peut-on aller à la transformation du système politique béninois ? Avant d’y parvenir, il faudra savoir le poids réel de chaque parti politique. C’est le passage obligé. Après la présidentielle de 2016, personne ne peut dire avec précision aujourd’hui, la représentativité d’une quelconque formation politique. Pour une première fois dans son histoire, le Prd a été lâché par ses militants qui ont voté pour Sébastien Ajavon contre Lionel Zinsou choisi par Me Adrien Houngbédji. Les Fcbe, n’étant plus au Pouvoir, auront du mal à préserver leurs bases. La Rb a subi le même sort que le Prd. Quant à l’Union fait la Nation elle s’est divisée entre les candidats Patrice Talon, Sébastien Ajavon et autres, puisque la consigne de vote était ‘’Tout sauf Lionel Zinsou’’. L’And a également perdu sa cohésion. C’était la désolation pour l’ensemble de la classe politique nationale qui n’a pas su maîtriser ses militants à la dernière élection présidentielle qui aura marqué l’histoire politique du Bénin.
Dans ces conditions, demander à chaque parti d’aller aux prochaines élections législatives sans passer avec des alliances serait la première étape pour le regroupement. Ceci permettra de jauger le poids de chacun d’eux. Pour faire de grands ensembles, il faut qu’on sache qui est qui et qui fait quoi. « Aux réunions des Fcbe, des gens qui ne peuvent même pas mobiliser un quartier, parlent au même titre que moi… », avait déclaré l’ancien député et actuel ministre de l’Intérieur, Sacca Lafia, pour justifier son départ des Fcbe. Donc, c’est en fonction du poids de chaque parti et de son idéologie qu’on pourra opérer des grands regroupements politiques.
Dans le cas contraire, on aura des coalitions qui s’effondreront au lendemain de leur création. Dans le contexte actuel, ce sera de l’illusion de penser que l’on peut avoir de grands ensembles politiques durables sans certains préalables. C’est dire que la réforme du système partisan que prône le régime actuel a encore de longs chemins à faire.
Emmanuel Nougbodohoué
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