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Après des semaines de suspense et de longues consultations, le Président Boni Yayi a fini par transmettre hier jeudi à l’Assemblée nationale, pour avis consultatif, la liste des membres de son nouveau gouvernement. Certains départs de l’ancienne équipe, l’entrée de certaines personnalités nommées à des postes stratégiques et le maintien de quelques anciens ministres, donnent l’impression que le Président sortant est déterminé à batailler pour que le pouvoir demeure dans son camp en 2016. Il a en conséquence, mis en place un gouvernement de campagne et de préparation de la prochaine présidentielle.
Il y a des signes qui ne trompent pas. Ce nouveau gouvernement ressemble fort bien, à un gouvernement de campagne dans lequel certains ministres ont un rôle spécifique à jouer pour permettre au Président Yayi en fin de mandat, de faire gagner l’élection présidentielle prochaine par un dauphin qu’il aura désigné ou un candidat de sa famille politique. Une analyse des entrées et des départs permet de s’en convaincre.
Lionel Zinsou nommé au poste de Premier Ministre chargé du développement, pendant que le Chef de l’Etat se débarrasse de l’ancien ministre Antonin Dossou, proche de Pascal Koupaki, suscite bien de commentaires. De plus en plus de Béninois se demandent si cette nomination ne fait pas suite à la récente rencontre entre Boni Yayi et le président François Hollande.
Depuis quelques temps, des informations persistantes font état de ce que cet homme pourrait être le dauphin du Président Yayi. Lionel Zinsou fait partie d’un réseau d’entrepreneurs français. Ce puissant homme d’affaires se retrouve donc dans les rangs de ceux-là qui investissent des milliards en Afrique. Même si, Lionel Zinsou, dauphin du Chef de l’Etat, était une information à prendre avec beaucoup de réserves, son appel dans le nouveau gouvernement par le Président sortant et sa nomination à un poste aussi stratégique occupé par l’ex-Premier Ministre Pascal Irénée Koupaki, viennent renforcer les soupçons. Boni Yayi dont personne ne doute aujourd’hui de la détermination à préserver les acquis de son pouvoir envisage peut-être d’autres alternatives à défaut d’un troisième mandat.
Le Chef est à la recherche d’un oiseau rare et peut-être qu’il aurait porté son choix sur Lionel Zinsou. On peut ne plus douter de son intention si on garde en mémoire, sa farouche volonté de réviser la Constitution du Bénin et ce fameux slogan « Après nous, c’est nous » objet de vives critiques mais que défendent à cor et à cri, certains collaborateurs du Président Yayi.
D’ailleurs, ces collaborateurs, fidèles des fidèles, prêts à se sacrifier pour la cause de leur leader ou maître, sont rappelés au gouvernement et nommés à des postes stratégiques bien qu’ils soient élus députés à l’Assemblée nationale. Il s’agit des ministres François Abiola et Komi Koutche, nommés respectivement Vice-Premier ministre chargé de l’enseignement supérieur et ministre d’Etat chargé de l’économie et des finances. Boni Yayi leur fait confiance et compte sur eux pour préparer la présidentielle de 2016 afin que le pouvoir ne lui échappe ou échappe à son camp politique.
Entre autres nominations qui retiennent l’attention, celle de Etienne Kossi, un ancien ministre que Yayi a rappelé pour certainement contrecarrer dans la commune de Zê, les velléités offensives du député Valentin Aditi Houdé, adversaire politique et opposant au pouvoir du Président Boni Yayi. La nomination du Préfet Placide Azandé au poste de ministre de l’intérieur, doit également susciter une réflexion. Lui qui, il y a quelques années, a ordonné la répression dans le sang, d’une marche des syndicats qui protestaient contre le gouvernement. Les syndicalistes à l’époque avaient réclamé en vain son limogeage ou sa démission du poste de préfet. Sa nomination, plus qu’une simple récompense peut être un choix stratégique pour jouer un rôle en matière de sécurité pour les prochaines élections.
Enfin les départs de Antonin Dossou et de Dorothée Kindé Gazard, en disent long. Ce sont des ministres qui, non seulement, sont restés hors de la bataille des révisionnistes acquis au Chef de l’Etat mais ils n’ont également jamais organisé des marches de soutien et de remerciements au Président Yayi. Ils sont peut-être victimes de ce désintérêt ou de la décision du Chef qui pense qu’ils ne pourront, politiquement, rien lui apporter pour qu’il arrive à garder le pouvoir dans son camp après l’élection de 2016. Boni Yayi parviendra-t-il à relever le défi ou à atteindre ses objectifs politiques avec ce nouveau gouvernement ? C’est un autre débat et la réalité du terrain permettra bientôt au Président sortant et ses adversaires politiques d’être fixés sur leur sort.
Euloge R. GANDAHO/Le Grand Matin
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