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La crise des chemins de fers qui touche le Niger et le Bénin sous la forme d’un bras de fer entre les opérateurs économiques Samuel Dossou Aworet du Bénin, Président du groupe PETROLIN et le français Vincent Bolloré Président de Bolloré Africa Logistics, est-elle vraiment en passe de connaitre l’aboutissement heureux annoncé il y a peu par le Président Patrice Talon ? A en juger par la campagne d’intoxication sournoise engagée contre l’opérateur économique béninois, il y a lieu de s’interroger. Depuis quelques jours en effet, circule sur internet et les réseaux sociaux un article dont les allégations laissent deviner que, tapis dans l’ombre, l’un ou quelques-uns des protagonistes de cette affaire ne souhaite(nt) pas en voir l’issue qui se dessine. Allez savoir le(s)quel(s).
Intitulé je cite « Dans la gare de Cotonou, les rails s’oxydent et le chemin de fer béninois reste à quai », fin de citation, l’article, mis en ligne par l’Agence France Presse et plusieurs autres organes de presse partenaires, prétend revenir sur les tenants et aboutissants de la situation indexée dans son intitulé, en se désolant bien sûr de la paralysie dans laquelle se retrouve le projet de réhabilitation et d’extension du corridor ferroviaire Cotonou-Niamey et par voie de conséquence la société d’exploitation, ses ouvriers et son matériel. Ainsi, dans son allure générale, l’article donne l’impression que le responsable du blocage en cours n’est autre que Samuel Dossou Aworet et que Vincent Bolloré par contre, avait apporté par son implication dans le projet, le salut que tous les autres acteurs attendaient. En somme, d’un côté le diable et de l’autre le bon Dieu. Sauf qu’à la vérité, les rôles ne sont pas tenus de manière identique.
La réhabilitation des chemins de fers de Cotonou à Parakou et leur extension jusqu’à Niamey est un rêve que caressent les Etats du Bénin et du Niger depuis plusieurs décennies. La vérité est que, quand le groupe PETROLIN de Samuel Dossou Aworet a obtenu suite à un appel d’offres international, l’adjudication dudit projet en juillet 2010, l’espoir était grand que l’Organisation commune Bénin-Niger (OCBN), déjà au bord de l’asphyxie, sorte de sa léthargie. Seulement, en dépit des investissements consentis dans le cadre des études de faisabilité, le gouvernement n’a à aucun moment cru bon devoir signer au profit de l’adjudicataire, la convention devant lui permettre de lancer l’exécution du projet. C’est ainsi que de reports en reports, de promesses non tenues en promesses non tenues, apparait en 2013 le groupe Bolloré, introduit par les deux Etats dans le projet en qualité « d’opérateur stratégique », devant collaborer avec l’adjudicataire et les Etats pour mener à bien le projet. Mais c’est véritablement là que les choses vont se gâter. Et pour plusieurs raisons. Vincent Bolloré décide de s’accaparer du projet à la façon « opération commando » dont il se revendique et convainc les Chefs d’Etat du Bénin et du Niger de lui en signer la convention en aout 2015. Mais le projet qu’il porte n’a plus grand-chose à voir avec celui que proposait le groupe PETROLIN. Plus question de réaliser des voies ferrées au format standard désormais en vogue dans le monde entier. Bolloré ramène au Bénin de vieux rails européens datant de l’époque de la Première Guerre mondiale, ceux-là même qu’il a installé au Niger avec pour conséquence plusieurs déraillements, et entame contre l’avis de tous les experts qu’ils soient gouvernementaux ou non, la "réhabilitation" de la voie ferrée. C’est contre ces méthodes usurpatrices que s’est prononcée la justice béninoise en novembre 2015, quand il a conclu à l’illégalité de tous les agissements de l’Etat béninois et du groupe Bolloré dans ce dossier et ordonné la fin des travaux entrepris dans ce cadre sur le site de l’OCBN et sur toutes les composantes du projet « Epine dorsale ». Et donc, si 500 km de rails prétendument neufs s’oxydent au soleil dans la gare de Cotonou, attendant d’être posés, la faute, s’il y en a une, n’incombe certainement pas à Samuel Dossou, mais bien à Thomas Boni Yayi, alors président de la République du Bénin et à son gouvernement.
Les rédacteurs de l’article de l’AFP, quand ils évoquent la supposée incapacité du groupe PETROLIN à réunir les financements nécessaires au projet, n’en apportent aucune preuve. De même, ils ne mentionnent pas que dans le dossier de reprise de l’OCBN présenté par Samuel Dossou Aworet, le volet social, notamment la reprise du personnel ainsi que le versement intégral des arriérés salariaux est pris en compte. Autant qu’ils oublient de mentionner que sans la signature de la convention, dans les règles de l’art, aucun investisseur n’aurait été assez fou pour s’aventurer dans les investissements jusque-là consentis.
L’article de l’AFP m’a l’air bien suspect. Si les rédacteurs évoquent le refus des acteurs de se prêter aux interviews pour justifier les contre-vérités distillées, il n’était pourtant pas compliqué d’obtenir les informations véridiques ayant fait l’objet de plusieurs articles de presse les années antérieures. Une main invisible me semble cachée derrière. Un commanditaire. Mais le Président Talon qui promet une sortie de crise heureuse sous peu ne devrait pas se laisser distraire, pas plus que l’opinion publique à qui le journaliste professionnel doit la vérité, et rien que la vérité.
C’est mon opinion, et je la partage.
James-William GBAGUIDI
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