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Dans le cadre de son programme des réformes économiques et financières qui se traduit par un désengagement progressif de l’Etat des secteurs productifs, le Gouvernement béninois avait décidé, après la Conférence nationale, de privatiser des entreprises du secteur public et parapublic dont Bénin Télécoms SA. Alors qu’au Sénégal et en Côte d’Ivoire la privatisation du secteur a été un succès. Au Bénin jadis quartier latin de l’Afrique, il est regrettable de constater que non seulement le processus de privatisation n’a pas abouti, mais au jour le jour l’entreprise ne cesse d’enregistrer des déficits énormes. De 75 milliards il y a quelques années, le chiffre d’affaires de BT-Sa est passé à 35 milliards puis à moins de 25 milliards en 2012.
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La situation financière de Bénin Télécom Sa est catastrophique. Pour son développement l’entreprise doit être privatisée. Dans ce cadre, il convient de rappeler que le processus de sa privatisation avait commencé avec le recrutement en 2008 du consortium composé de la Banque d’affaires Linkstone Capital, de la Société de Gestion de l’Intermédiation (SGI) Africabourse, du Cabinet d’avocat Dewey Leboeuf, du Cabinet d’Audit Ernst & Young et du Cabinet ICEA ; l’ensemble intervenant en tant que conseil exclusif pour assister le Gouvernement à réaliser la transaction de vente. Le schéma retenu se présentait comme suit :
51% du capital à un opérateur stratégique dans le cadre d’un appel d’offre international ; 20% à l’Etat béninois ; 20% à la Bourse sous-régionale ; 6% aux investisseurs nationaux ; 3% aux travailleurs de Bénin Télécoms SA.
Après l’appel à manifestation d’intérêt lancé en novembre 2009, six (06) consortiums ont été pré-qualifiés. Il s’agit de : France Télécom, Tunisie Télécom, Maroc Télécom, Expresso Télécom, Green Télécom et British Télécom. Au terme du processus, seuls Maroc Télécoms et Expresso Télécom ont eu à déposer leurs offres le 7 novembre 2010.
A l’issue de l’ouverture et de l’analyse de leurs offres techniques et financières, Maroc Télécom est l’opérateur le plus offrant avec une proposition de 26 milliards de francs CFA assortie d’une vingtaine de conditions.
C’est dans ce cadre que le Conseil des Ministres, en sa séance du mercredi 27 avril 2011 a décidé de la clôture de la transaction d’ouverture du Capital Social de Bénin Télécoms SA et l’adoption de nouvelles options de réforme. Ce fut une grave erreur.
Depuis lors, c’est le silence radio sur l’évolution de ce dossier. Ce qui fait dire à certaines personnes bien averties des télécommunications que l’ex Opt est entrain d’être dépouillée lentement et surement pour être rachetée plus tard à un franc symbolique par des vautours aux aguets et qui profite de la faiblesse des connaissances techniques de certains cadres pour manipuler le gouvernement.
Et pour cause
BT-SA tire le maximum de ses ressources financières à travers la communication internationale et l’interconnexion. Plus de 60% des recettes de l’entreprise proviennent de ces deux activités.
Les opérateurs Gsm et autres font transiter leur communication internationale par le canal de BT Sa. Ce qui permet à l’opérateur historique d’engranger d’importantes ressources financières.
Mais pour des raisons qu’on ignore, ces deux activités de Bénin Télécom Sa ont été libéralisées avant la privatisation de l’entreprise.
Du coup les opérateurs Gsm ne payent pratiquement plus de redevance à Bénin Télécoms Sa. Cette situation a contribué à la dégradation de la situation de la société où de 2006 à 2010 les résultats d’exploitation sont négatifs. A cela s’ajoute la mauvaise gestion des ressources humaines et les nombreux cas de mauvaises gestions relevés ici et là en toute impunité.
Face à ce gouffre financier, la seule option qui s’impose à l’Etat est de se débarrasser le plus tôt possible de l’office. Il sied donc d’arrêter la saignée financière afin de soulager les caisses du Trésor.
Mais à quel prix ?
Selon certains experts, Bénin Télécom Sa ne vaut pas plus de cinq milliards dans son état actuel. La société est dépouillée de toutes ses activités génératrices de revenus et ses équipements techniques sont obsolètes face à un environnement concurrentiel très rude.
Dès lors la question se pose de savoir si l’option prise par le gouvernement en avril dernier de mettre fin à l’appel d’offre était opportune ?
En refusant les 26 milliards de Maroc Télécom il y a deux ans, l’Etat n’est même pas sûr de gagner 10 milliards dans les années à venir. Et si on y ajoute les récents investissements au sein de l’entreprise, on peut affirmer que Bénin Télécom est un bourbier financier.
Et pourtant personne ne doute de la qualité des salariés de l’entreprise séculaire miné par la fuite des cerveaux. Phénomène qui s’observe depuis deux ans. En effet, les cadres de l’opérateur historiques font désormais les beaux jour des opérateurs de GSM concurrents et d’autres entreprises IT, banques... de la place. Tellement les techniciens de l’entreprise sont recherchés pour leur compétence.
Les quelques rares cadres et techniciens encore présents sont démoralisés. Leur CV en main, ils sont prêt à détaler à tout moment.
Sauvons BTSA !
Judicaël ZOHOUN
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